Une matinée dans le simulateur d’AOTech

Une matinée dans le simulateur d’AOTech

 

Afin de me préparer au mieux pour ma journée en Formule Renault, j’ai été invité pour une demi-journée dans le simulateur d’AOTech. Nogaro n’étant pas disponible sur le simulateur, Barcelone a été retenu pour cette séance. Cette piste est une référence, très utilisée pour les essais réels et virtuels car proposant tous types de courbes. Il s’avère que je connaissais déjà la piste pour y avoir passé un certain temps sur de nombreux jeux et pour y avoir roulé en Lotus. Autant le dire tout de suite ça ne m’a pas aidé à briller.

Présentation du simulateur

Après une petite visite des locaux en arrivant le matin et la présentation de la machine que je vais utiliser pour quelques heures, un powerpoint m’est projeté m’expliquant plus en détail le fonctionnement du simulateur. L’accent est mis sur les capacités du simulateur, pouvant produire des accélérations supérieures à 1G et la fidélité de la retranscription des mouvements de lacet. On me prévient également que les premières utilisations du simulateur peuvent provoquer des nausées, et qu’il vaut mieux arrêter une session en cours avant que les nausées soient trop fortes. Dans le cas contraire, les nausées ont tendance à revenir très rapidement, ce qui peut rapidement écourter la séance… Bref la restitution des mouvements n’est pas parfaite dans les simulateurs quels qu’ils soient, et cette restitution ne sera jamais équivalente à la réalité à cause des contraintes de place disponible et de course de la plateforme.

En tout cas, tous les éléments mécaniques du simulateur sont très soignés. Monocoque de F3 pour l’immersion, 5 écrans pour un champ de vision à 180°, volant avec un retour de force puissant et rapide et aussi harnais avec tendeur actionné pendant les phases de freinage pour reproduire la pression ressentie contre le harnais lorsque le corps est projeté en avant. Au-delà des éléments d’immersion, la plus grosse différence de ressenti par rapport à mon ensemble volant + pédales Fanatec que j’utilise pour iRacing est sur le freinage. Le simulateur AOTech intègre un système hydraulique complet venant pincer un vrai disque de frein. En conséquence, la réaction de la pédale de frein est identique à celle d’une vraie, là où le montage avec une load cell du Fanatec CSP est un peu flou sur les faibles pressions de pédales, rendant la fin de freinage dégressif difficile à doser. Si vous voulez voir à quoi ressemble le simulateur, cherchez « AOTech » sur Youtube, Eurosport a fait un reportage sur ce simulateur.

Une fois les présentations terminées, un baquet m’allant à peu près trouvé, les pédales et le volant réglés pour moi, il est temps de passer aux choses sérieuses. Afin de ne pas tout avoir à intégrer d’un coup, mon premier run sera fait sans mouvements de la plateforme 6 axes. Ecran de chargement et c’est parti, depuis la ligne droite des stands, pour une première série. Première impression, les graphismes : on est loin de la qualité graphique des derniers jeux de courses qui sont proprement bluffant. Ici, pas de reflets dans tous les sens, des modèles physiques assez simples et des abords de circuit simplifiés bien qu’intégrant assez de repères pour s’y retrouver. Les graphismes sont simples mais efficaces, on voit très bien ce qui se passe et l’affichage est parfaitement fluide et non saturé. Deuxième impression, le retour de force dans le volant est assez viril. Enfin, arrive le 4e virage et… premier tête à queue. La monoplace est réglée survireuse pour pivoter rapidement avant de remettre gaz et dans les longues courbes comme le T4 de Barcelone il est important d’être sur les gaz pour rééquilibrer la monoplace. Sur ces voitures peu puissantes par rapport à leur grip, le transfert de masses vers l’arrière à l’accélération est plus sensible que la perte de grip latéral dû à l’accélération. Bref m’être entrainé sur la F1 sur iRacing n’était pas une bonne idée, il faut que je reprenne rapidement le réflexe de mettre plein gaz pour casser toute propension à la glisse de la voiture.

Au fil de ces quelques tours, je me familiarise avec la plateforme et le comportement de la voiture. Tout n’est pas encore totalement assimilé mais il est temps de passer à l’étape suivante.

La plateforme 6 axes entre en jeu

Le moins que l’on puisse dire c’est que les mouvements sont assez déroutants au premier abord. La raison en est le besoin de la plateforme de se recentrer ou au moins d’arrêter le mouvement provoqué par les accélérations retransmises. Le mouvement avec lequel j’ai eu le plus de mal est le freinage. En sautant sur les freins on se prend plus d’un G, on s’y croirait…. Pendant une fraction de seconde. Au-delà la plateforme arrive en fin de course et doit ralentir, donnant la très désagréable sensation de perdre les freins. Cette sensation était tellement présente que je n’ai absolument pas senti le système de serrage des harnais au freinage.

La plateforme est violente, les passages de vitesses donnent des à-coups peut être plus marqués que sur la voiture réelle même si cette sensation vient peut-être du fait que je n’avais pas de baquet moulé pour moi dans le simulateur. Les passages sur les vibreurs et hors piste secouent bien, impression renforcée par le bruit produit par les écrans et la structure lors des vibrations. Les accélérations sont fortes, le volant dur et très vite je transpire malgré la ventilation sur le visage et l’absence de casque.

La plateforme est particulièrement cruelle quand on n’est pas dans le rythme. Elle a été optimisée pour se comporter au mieux quand la voiture est pilotée correctement et à la limite. Quand on n’est pas à cette limite et qu’on provoque des mouvements non prévus, il devient difficile de comprendre ce que la plateforme renvoie comme sensations. Quand un mouvement de lacet est ressenti, difficile de savoir si c’est la plateforme que retourne en position où la voiture qui est en train de partir.

Bref je ressors quelques minutes plus tard du simulateur un peu nauséeux, n’ayant réussi à faire qu’un seul tour sans me sortir et qui a donné un temps minable. Débriefing. Quand on est aussi loin des temps de référence, pas trop besoin d’analyser les datas. La vidéo permet de corriger la trajectoire et de pointer les plus grosses erreurs. Si je veux tirer profit de cette demi-journée, il va falloir s’appliquer pour être au plus vite dans des temps acceptables.

Au fil des runs et l’habitude aidant, la situation s’améliore. Je sors quelques secteurs intéressants exploitables à la télémétrie. Mon freinage est pas trop mauvais pour un amateur mais il pourrait être plus efficace et il faudrait que je sois un peu plus progressif dans la dernière phase de lâcher des freins. La reprise d’accélérateur est moins efficace, surtout dans les épingles. L’acquisition de données montre clairement que je vais trop vite au point de corde des virages lents, du coup j’ai du mal à faire pivoter la voiture et je ne peux pas ré-accélérer assez tôt. Soit, ça explique plutôt bien pourquoi je n’ai jamais brillé en kart sur les pistes avec de nombreuses épingles, on va donc travailler là-dessus pour le reste de la séance.

Maintenant que je suis plus dans le rythme, les mouvements du simulateur me sont enfin plus utiles que perturbants. Si je ne me serais jamais vraiment fait à la sensation du freinage, les mouvements de lacet sont vraiment utiles pour sentir la voiture à la limite, sentir la glisse arriver et la maitriser, opération qui se fait plus facilement que sur tous les simulateurs disponibles aux amateurs, sans mouvements.

La vidéo

J’ai pu récupérer la vidéo de mon dernier run de la journée.

A noter lors des vibrations, les écrans « s’éteignent » en leur milieu comme lorsqu’on appuie sur une dalle d’ordinateur.

 

Au final la journée a été très constructive puisque j’ai pu avoir un aperçu du comportement de la FR 2.0 et commencer à corriger certains de mes défauts. J’ai eu un peu de mal au début, à mon avis partiellement parce que niveau simulateur je suis un peu conditionné iRacing vu que tout simulateur, aussi bon soit-il, retranscrit à sa façon selon ses propres modèles le comportement des voitures. La conséquence est qu’il faut un certain temps d’adaptation pour passer de l’un à l’autre.

Le simulateur n’est pas une retranscription exacte de la voiture réelle, mais il reste un très bon outil de travail une fois que le pilote a assimilé son fonctionnement. Les meilleurs pilotes réels ne sont pas forcément les meilleurs sur simulateurs et vice-versa, mais avec un peu d’entrainement, un pilote bon à l’un est rarement mauvais à l’autre. Pour ma part j’étais bien plus proche des temps de référence dans la vraie voiture que sur le simulateur. En soi je préfère ça à l’inverse !

 

Un grand merci à AOTech pour cette séance de simulateur.

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