Journée test Formule Renault 2.0 à Nogaro

Journée test Formule Renault 2.0 à Nogaro

 

Début septembre 2012, quelques jours avant mon anniversaire. Mon père m’annonce qu’il réfléchit à m’offrir un stage de pilotage un peu sérieux. Il est satisfait de mes résultats dans mes études (j’ai su peu de temps auparavant que j’étais pris pour l’Imperial College London, un des double cursus les plus demandés à l’ENSAM) et il prend plutôt bien le fait que je lui mets régulièrement 1s au km sur circuit. Je m’attendais à 2 ou 3 dizaines de tours en F3 près d’Aix ce qui aurait déjà été un très beau cadeau. Alors comment décrire ma réaction quand j’ai appris quelques jours après qu’il m’offrait une journée entière de test avec R-ace GP (devenu ART Junior Team depuis) en FR 2.0 à Nogaro ? Bref le temps de réaliser ce que j’allais vivre, je me suis aussi rendu compte que j’avais à peine plus d’un mois pour être au top. Du coup pendant un mois, entrainement VTT pour être en forme et entrainement iRacing pour être affûté. J’ai également eu droit à une demi-journée dans le simulateur d’AOTech pour préparer le terrain. La dernière semaine s’est passée sans entrainement pour arriver à Nogaro reposé et à 100% de mes capacités.

Puis le jour J-1 arrive enfin

Départ pour Nogaro et arrivée en milieu d’après midi.

Ma voiture est celle de droite, châssis n°003, il a commencé sa carrière chez R-ace, a été revendu puis récupéré pour ces journées test partagées avec Tech-1. Quand j’arrive toute la partie arrière est démontée pour remontage selon les standards de R-ace.

Après l’essai de la combinaison et du casque, il est temps de rentrer dans le vif du sujet : remise du driver book contenant les repères pour le pilote à savoir points de freinage et de corde, pression de freinage à appliquer et rapports de vitesse pour chaque virage. S’en suit le visionnage de caméras embarquées et un tour de circuit à pied avec mon ingénieur pour voir tout ça en vrai et travailler les trajectoires. L’étape suivante est de peaufiner la position de conduite. C’est le moment de se rendre compte que mes 1m86 et 74 kg ne sont pas très représentatifs de l’ado moyen roulant en FR 2.0. En conséquence, il a vite été décidé de me mouler un baquet.

Bien centrer son corps, trouver de la place pour les genoux et les bras, poser les fesses au plus bas et incliner le dos de telle sorte à voir juste le sommet des pneus avant, voilà les consignes pour la position. Une fois la bonne position trouvée, une mousse spéciale est coulée dans le sac que l’on voit dans mon dos. Reste alors à tenir la position une quarantaine de minutes le temps que la mousse durcisse.

Pendant la polymérisation la mousse chauffe bien le dos !

Les dernières étapes de la préparation du baquet sont d’enlever les parties inutiles et de recouvrir la mousse de scotch pour la protéger.

Une fois le baquet fini et la position de conduite vérifiée et figée, direction l’hôtel pour le repas, réviser les trajectoires et essayer de dormir malgré l’excitation, le rendez-vous est fixé tôt le lendemain et une longue journée m’attends.

Le jour-J !

Arrivée dans le stand avant la levée du soleil. Ma voiture a été montée pendant la nuit. Merci mon mécano 🙂

 

Malheureusement il a plu pendant la nuit, et le ciel est encore chargé. La piste est bien mouillée mais à ce moment de la journée on espère qu’elle sèchera, la consigne est donc de rouler avec les trajectoires et rapports de vitesse sec. Au final il repleuvra plusieurs courtes fois dans la journée et gardant la piste humide. Qu’importe, puisque la piste est maintenant ouverte.

Attention en montant d’éviter les divers boitiers, et de ne pas arracher une partie du faisceau !

Installation du harnais…

Dernières instructions. Il s’agit de ne pas se planter, faire gaffe dans les rétros aux redoublants dont notamment Pierre Gasly, meilleur rookie 2012 et champion Eurocup 2013, découvrir la piste et la voiture, juger l’état de la piste etc… La pression ? Je vois pas de quoi vous voulez parler !

Démarreur, l’embrayage est doux, je décolle sans caler, c’est déjà ça.

Quelques tours sans pousser pour chauffer la mécanique et le pilote puis retour aux stands pour vérifier que tout est bien monté, puis retour sur la piste pour une première série de tours.

Rentrée et premier export de données suivi du premier point data.

La superposition vidéo et courbes de télémétrie aide vraiment à comprendre où s’améliorer. « Freine 20m plus tard à l’épingle » Ok, mais plus facile à dire qu’à faire quand tu arrives à plus de 220 km/h sur piste mouillée, que dès que tu bloques les roues tu perds non seulement la direction mais aussi une grosse partie de la capacité de freinage et que le mur parait pas bien loin après un bac à gravier en descente pas très accueillant… Bref on va y aller petit à petit.

Au fil des tours et de la journée la confiance monte et les temps descendent. Pour un bleu ayant 0 palmarès en karting je m’en sors pas si mal et j’impressionne pas mal l’équipe qui ne savait pas trop à quoi s’attendre quand je suis arrivé. Mes temps pendant la journée sont comparables à ceux des autres pilotes découvrant la Formule Renault ce jour. Pierre Gasly est à 1s5-2s, mais pas trop de quoi rougir pour un amateur.

J’ai pu récupérer la vidéo de mes 2 derniers runs de la journée soit environ 25 des 110 tours que j’ai pu effectuer cette journée.

Alors à quoi ça ressemble de conduire une Formule Renault 2.0 ?

Pour ceux qui en doutaient, la monoplace est vraiment la forme ultime de la voiture de course. Tout est pensé dès le départ pour cette utilisation et ça se ressent. Position centrale, vue sur les roues et position de conduite certes étriquée mais agréable, on fait corps avec la voiture, bien aidé par le harnais bien serré.

Je n’ai malheureusement pas pu éprouver l’étendue du grip sur piste sèche mais j’ai bien pu sentir l’effet de l’appui aéro dans le premier virage du circuit. Sous la pluie, la Formule Renault passe aussi vite dans ce gauche rapide qu’une voiture normale sur le sec, impressionnant ! Quant au comportement de la voiture il est bien évidemment exemplaire. L’avant répond toujours présent, l’arrière lui est assez joueur dans ces conditions climatiques mais très prévenant, que ce soit au freinage ou plein gaz. La glisse, bien que pas très désirable pour le chrono est facile à gérer. Mais la plus belle surprise de cette voiture c’est sa boite. Le passage de vitesse se fait vraiment instantanément, rien à voir avec les boites dites ultra-rapides des voitures sportives de route. Le fonctionnement de la boite est vraiment impressionnant, les vitesses passent dans n’importe quelles conditions, y compris en glisse, sans déstabiliser la monoplace. En un sens la conduite est plus facile, mais il y a largement encore de quoi s’occuper au volant.

Si vous avez l’occasion de tester une monoplace, je ne peux que vous conseiller de foncer.

 

Un grand merci à R-ace GP de m’avoir fait rouler dans des conditions pro et à Frédéric Vasseur pour avoir rendu la journée possible, et bien sûr à mon père pour ce magnifique cadeau.

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